Association fortement impliquée dans la vie du centre-ville de Périgueux, Les Thétards viennent d'emménager au 7 de la rue de la Bride (1) à Mataguerre, à deux pas de l'Office de tourisme. Cette initiative fait forcément penser, en contrepoint, à la disparition de L'Art Nôtre qui, rue de la Sagesse, constitua durant plus de quinze ans un lieu autogéré de vie culturelle et d'animation très regretté.

Chez les Thétards, sous une voûte de pierres taillées, fonctionna au Moyen-Age un atelier de monnaie, plus récemment le pub Arm's Park et enfin, il y a peu, un éphémère salon indien de médecine douce.

En fait, ils auraient pu ne jamais se remettre d'un courrier de la mairie d'octobre 2007 : suite à une fragilisation de la charpente, elle leur enjoignait de quitter leur siège de la rue Sully (quartier Mauvard), menaçant ruine.

160 adhérents

Magali, animatrice et l'un des piliers de l'« asso », se rappelle : « Naturellement, nous nous sommes sentis mal par rapport à tout ce que nous avions déjà lancé, atelier d'éveil musical et soirées musique, débats écologiques et de société, projection de films d'artiste, etc. Sans parler de notre participation à la Fête de la musique, au off de Mimos ou à la buvette de Macadam Jazz. Devions-nous profiter de cet accident pour souffler ? »

Le conseil d'administration de huit personnes, présidé par l'informaticien Philippe Chaissac, a voulu continuer à faire vivre Les Thétards, carrefour d'idées, ouvert à tous. Pour Quentin, musicien, Emmanuelle, demandeuse d'emploi, Damien, dessinateur, Gautier, dans les travaux publics ou Jean-Marc, informaticien lui aussi, il semblait vital de maintenir ce lieu d'échanges.

Comme le dit Magali, « nous n'aimons pas l'étiquette libertaire qu'on nous colle si souvent sur le dos. Nous sommes citoyens tendance écologique, mais notre combat est non-violent et serein. Nous sommes neutres, mais cela ne veut pas du tout dire incolores ! »

Soucieux de partage des idées, Les Thétards tissent des liens avec d'autres associations. C'est ainsi que nombre de leurs 160 adhérents se retrouvent aussi dans cinq autres groupes liés aux Thétards : Avalon (jeux de rôles), Précaires et chômeurs, Vélorution, Collectif libertaire, Prohydec (musique et prévention).

Volonté d'indépendance

Magali précise : « Si des associations ont besoin de notre siège, c'est avec plaisir que nous les y accueillons, ainsi pour le club de poésie des Hydropathes, qui se réunit désormais chez nous ! » De quoi vivent Les Thétards ? Outre les cotisations (5 euros par an), ils comptent sur les bénéfices de leur buvette à 90 % « bio », ainsi que sur des subventions... à condition de rester indépendants. Magali encore : « Après une aide initiale du Conseil général, nous en recevons désormais une de la mairie, mais tenons farouchement à notre autonomie financière. »

Les Thétards, pour quoi faire ? Magali souligne que tous les membres remplissent des fiches pour faire coller les programmes aux besoins et envies. Ainsi, ce mois-ci, outre de multiples ateliers et rendez-vous musicaux, poétiques et ludiques, il y avait vendredi dernier un café-débat sur le thème « Qui cherche à contrôler Internet ? ». Il était organisé par l'Association des précaires et chômeurs de Dordogne. Mais le deuxième gros rendez-vous, celui du café libertaire du 19 février sur « La révolution du désir » (notamment sur le Front homosexuel d'action révolutionnaire), est concocté par le Collectif libertaire Marius-Jacob.

Le 18 février, Les Thétards se muant en Têt'Art, fêteront Nathalie Urwikiow dont l'exposition durera jusqu'au 20 mars, après celle de Milkya et Zaza. Enfin le 28, le recyclage des vieux PC sera révélé par l'atelier Linux...

(1) Contact : 06 64 83 23 74.